Depuis son adoption en 2014, la loi ALUR (Accès au Logement et un Urbanisme Rénové) a profondément transformé le paysage locatif français. Parmi ses mesures phares figure l’encadrement des loyers, un dispositif visant à réguler les prix dans les zones tendues. Mais comment fonctionne exactement ce mécanisme ? Quelles sont les villes concernées et quels impacts pour propriétaires et locataires ?
Sommaire
Qu’est-ce que la loi ALUR ?
La loi ALUR, promulguée le 24 mars 2014, constitue une réforme majeure du secteur immobilier français. Portée par Cécile Duflot, alors ministre du Logement, cette loi poursuit plusieurs objectifs : faciliter l’accès au logement, protéger les locataires et réguler le marché locatif dans les zones tendues.
Le texte introduit de nombreuses mesures, dont la création d’un encadrement des loyers dans certaines agglomérations. Ce dispositif vise à limiter les abus et à rendre le logement plus accessible dans les métropoles où la demande dépasse largement l’offre. L’idée est simple : empêcher que les loyers n’augmentent de façon excessive et déconnectée des réalités du marché.
Le principe de l’encadrement des loyers

L’encadrement des loyers repose sur la fixation d’un loyer de référence établi par les préfectures pour chaque zone géographique. Ce loyer médian est calculé en fonction de plusieurs critères : le type de logement, sa superficie, son nombre de pièces et son ancienneté.
À partir de ce loyer de référence, deux seuils sont définis :
- Un loyer de référence majoré, qui ne peut être dépassé par le propriétaire (généralement 20% au-dessus du loyer médian)
- Un loyer de référence minoré, en dessous duquel le locataire peut demander une diminution
Concrètement, lors de la mise en location d’un bien ou du renouvellement d’un bail, le propriétaire ne peut pas fixer un loyer supérieur au plafond autorisé. Cette règle s’applique aussi bien aux locations nues qu’aux locations meublées, avec des barèmes spécifiques pour chaque catégorie. Cliquez ici pour obtenir des informations supplémentaires.
Les villes concernées par l’encadrement
L’encadrement des loyers ne s’applique pas sur l’ensemble du territoire français. Il concerne uniquement les zones tendues, c’est-à-dire les agglomérations où existe un déséquilibre important entre l’offre et la demande de logements.
Après une mise en œuvre initialement limitée à Paris et Lille, puis suspendue par décision de justice, le dispositif a été réintroduit en 2018 avec la loi ELAN. Aujourd’hui, plusieurs villes appliquent cet encadrement :
- Paris et 209 communes de la métropole parisienne (depuis 2019)
- Lille, Hellemmes et Lomme (depuis 2020)
- Lyon et Villeurbanne (depuis 2022)
- Bordeaux (depuis 2023)
- Montpellier (depuis 2022)
D’autres métropoles étudient actuellement la possibilité de mettre en place ce dispositif, notamment Nice, Marseille ou Toulouse. Chaque collectivité locale peut demander son application après accord du préfet.
Comment calculer le loyer encadré ?
Pour déterminer le loyer maximum autorisé, les propriétaires doivent consulter les observatoires locaux des loyers qui publient régulièrement les barèmes applicables. Ces observatoires fournissent des tableaux détaillés par quartier, indiquant les loyers de référence au mètre carré.
Le calcul s’effectue en plusieurs étapes :
- Identifier la catégorie du logement (location vide ou meublée, nombre de pièces, époque de construction)
- Trouver le loyer de référence correspondant dans le quartier concerné
- Appliquer le complément de loyer éventuel pour des caractéristiques exceptionnelles du bien
- Vérifier que le montant ne dépasse pas le loyer de référence majoré
Un complément de loyer peut être appliqué uniquement si le logement présente des caractéristiques de localisation ou de confort vraiment exceptionnelles par rapport aux biens similaires du secteur.
Les sanctions en cas de non-respect
Le non-respect de l’encadrement des loyers expose les propriétaires à des sanctions. Si un locataire constate que son loyer dépasse le plafond autorisé, il peut demander une mise en conformité auprès de son bailleur.
En l’absence de réponse favorable dans un délai de deux mois, le locataire peut saisir la commission départementale de conciliation, puis éventuellement le tribunal judiciaire. Le propriétaire risque alors :
- Une diminution du loyer au niveau du plafond légal
- Le remboursement des trop-perçus depuis la signature du bail (sur 3 ans maximum)
- Une amende administrative pouvant atteindre 5 000 euros pour une personne physique et 15 000 euros pour une personne morale
Ces sanctions visent à garantir l’effectivité du dispositif et à protéger les locataires contre les abus.
La loi ALUR et son système d’encadrement des loyers constituent un outil de régulation du marché locatif dans les grandes métropoles françaises. Si le dispositif reste débattu entre promoteurs d’un meilleur accès au logement et défenseurs de la liberté contractuelle, il s’impose progressivement dans les zones les plus tendues. Propriétaires et locataires ont tout intérêt à bien comprendre ces règles pour sécuriser leurs transactions et éviter les litiges.
