Avant tout investissement immobilier, évaluer précisément la rentabilité locative de votre futur bien constitue une étape cruciale. Trop de propriétaires se contentent d’un calcul approximatif et découvrent trop tard que leur placement génère moins de revenus qu’espéré. Maîtriser les différentes méthodes de calcul vous permet de prendre des décisions éclairées et d’éviter les mauvaises surprises.
Sommaire
La rentabilité brute : un premier indicateur
La rentabilité brute représente le calcul le plus simple et le plus rapide pour évaluer un investissement locatif. Elle exprime le rapport entre les loyers annuels perçus et le prix d’acquisition du bien, exprimé en pourcentage.
La formule est la suivante : (loyer mensuel × 12) / prix d’achat du bien × 100. Par exemple, pour un appartement acheté 200 000 euros et loué 900 euros par mois, le calcul donne : (900 × 12) / 200 000 × 100 = 5,4% de rentabilité brute.
Ce taux de rentabilité brute permet de comparer rapidement plusieurs opportunités d’investissement. En règle générale, un taux supérieur à 6% est considéré comme intéressant, entre 4 et 6% correct, et en dessous de 4% peu attractif. Toutefois, ces seuils varient selon les régions et les marchés locaux.
L’inconvénient majeur de ce calcul réside dans son caractère incomplet. Il ne tient compte ni des charges, ni de la fiscalité, ni des frais d’acquisition. Il offre donc une vision optimiste qui ne reflète jamais la réalité économique de votre investissement.
Intégrer les frais d’acquisition au calcul

Pour affiner votre analyse, vous devez inclure les frais de notaire et les frais d’agence dans votre calcul. Ces dépenses augmentent considérablement le montant réel de votre investissement initial.
Les frais de notaire représentent environ 7 à 8% du prix d’achat dans l’ancien et 2 à 3% dans le neuf. Pour un bien ancien à 200 000 euros, ajoutez environ 15 000 euros de frais notariés. Si vous passez par une agence immobilière, les honoraires oscillent entre 3 et 10% du prix de vente.
Le calcul devient alors : (loyer mensuel × 12) / (prix d’achat + frais de notaire + frais d’agence) × 100. Avec notre exemple précédent et 15 000 euros de frais, la rentabilité brute corrigée tombe à : (10 800) / 215 000 × 100 = 5,02%. L’écart est significatif et modifie votre perception du projet. Accédez à toutes les infos en cliquant ici.
La rentabilité nette : la réalité économique
La rentabilité nette de charges intègre l’ensemble des dépenses liées à la gestion courante du bien. Ce calcul offre une vision beaucoup plus réaliste de ce que vous rapportera effectivement votre investissement.
Les charges non récupérables à déduire comprennent : la taxe foncière (environ 15 à 25% du loyer annuel), les charges de copropriété non refacturables au locataire (20 à 30% des charges totales), l’assurance propriétaire non-occupant (150 à 300 euros par an), les frais de gestion si vous passez par une agence (6 à 10% des loyers), et une provision pour travaux et vacance locative (généralement 10 à 15% des loyers).
Prenons un exemple concret : pour un appartement générant 10 800 euros de loyers annuels, déduisez environ 1 800 euros de taxe foncière, 500 euros de charges de copropriété, 200 euros d’assurance, 800 euros de frais de gestion et 1 500 euros de provision pour travaux et vacance. Total des charges : 4 800 euros.
Le calcul de la rentabilité nette devient : (loyers annuels – charges annuelles) / (prix d’achat + frais) × 100 = (10 800 – 4 800) / 215 000 × 100 = 2,79%. Vous constatez que la rentabilité réelle représente environ la moitié de la rentabilité brute initiale.
La rentabilité nette-nette : après impôts
Pour obtenir la rentabilité nette-nette, vous devez intégrer la fiscalité applicable à vos revenus locatifs. Cette dernière étape révèle le rendement réel que vous percevrez effectivement.
Les revenus fonciers sont soumis à votre tranche marginale d’imposition (de 0 à 45%) plus les prélèvements sociaux de 17,2%. Pour un investisseur imposé à 30%, la pression fiscale totale atteint 47,2% des revenus nets de charges.
Si vous optez pour le régime micro-foncier (revenus inférieurs à 15 000 euros), vous bénéficiez d’un abattement forfaitaire de 30%, mais ne pouvez déduire aucune charge. Le calcul devient : loyers annuels × 0,70 × (1 – taux d’imposition global) = revenus nets après impôts.
En régime réel, vous déduisez toutes vos charges réelles, y compris les intérêts d’emprunt. Cette option s’avère souvent plus avantageuse, surtout les premières années où les intérêts sont élevés. Vous pouvez même générer un déficit foncier imputable sur votre revenu global jusqu’à 10 700 euros par an.
Le cash-flow : l’indicateur pratique
Au-delà de la rentabilité théorique, le cash-flow représente ce qu’il vous reste concrètement chaque mois après paiement de toutes les charges et de la mensualité de crédit. Un cash-flow positif signifie que les loyers couvrent l’ensemble des dépenses. Un cash-flow négatif implique que vous devez compléter de votre poche chaque mois.
Ce calcul pragmatique détermine la viabilité réelle de votre projet et votre capacité à tenir sur la durée.
